Mon but

Le Parcours d’une combattante

Mes parents étaient ouvriers au Monténégro, un pays de l’ancien bloc communiste. Avec mes frères et sœurs, ils nous ont élevés, dans la notion qu’aucun travail honnête ne devait nous rebuter, ni nous faire honte, indépendamment du niveau d’études, que nous ne savons jamais à l’avance ce que la vie nous réservera et qu’il est bon de savoir et d’aimer travailler, quelle que soit la nature du labeur. Grâce à cela, nous pourrons gagner honnêtement notre croûte dans toutes les situations de la vie. Avec cette éducation, j’étais capable de cuisiner et d’assurer les tâches ménagères dès l’âge de dix ans. Nous étions huit à la maison. Un jour, je balayais et enlevais la poussière. Le lendemain, je lavais à la main le linge de toute la famille, et ainsi de suite.

A la fin des années ’90, j’ai suivi des études supérieures à Beograd (capitale de la Serbie et de l’ex-Yougoslavie). J’ai pu les financer avec une job dans une pâtisserie qui m’apportait aussi un peu d’argent de poche. A l’été de mes vingt ans, j’ai aidé mes parents à construire une maison. Encore une nouvelle corde à mon arc !

Forte de mon diplôme et de ma formation d’économiste, j’ai eu mon premier emploi dans le secteur bancaire et des assurances. Mais, après un certain temps, j’ai voulu approfondir encore mes connaissances du monde de l’économie. J’ai donc quitté mon poste et  occupé la fonction de manager d’une chaîne de magasins de prêt-à-porter à Bijelo Polje au Monténégro. A cette époque, mon frère possédait une société d’assemblage et d’installation de dispositifs de climatisation en Italie. Il m’a proposé de nous associer et que j’enregistre une société dans le secteur de la métallurgie. Le but était de conclure un contrat avec un chantier naval italien qui recherchait une main d’œuvre spécialisée en soudure ; qualification  facile à trouver dans les pays de l’ex-Yougoslavie. Avec mon frère comme intermédiaire, ma société a passé un contrat de deux ans avec ce chantier naval. J’ai pu engager douze ouvriers soudeurs et nous sommes partis en Italie en mars 2008.

Pendant les dix-huit premiers mois, je me suis occupée de la gestion et de l’administration de ma société ; le soir j’allais à l’école pour apprendre l’italien ; j’étais déjà atteinte de SEP à l’époque.

En août 2009, ledit chantier naval a malheureusement déposé  le bilan. Mes ouvriers et moi avons repris le chemin du Monténégro. Comme eux, je me suis retrouvée sans travail et suis retournée chez mes parents.

Fin octobre 2009, j’ai proposé à mes parents de labourer deux ares du terrain qui leur appartenait pour que je puisse commencer un potager et contribuer ainsi aux revenus du ménage. Fin de cette année, je me suis rendue en Belgique pour passer les fêtes de fin d’année avec un belge rencontré quelques mois auparavant. Cinq mois plus tard nous nous sommes mariés. Mon potager n’a jamais vu le jour…

Je me suis retrouvée ainsi à Bruxelles sans savoir parler ni français, ni néerlandais, ni anglais. Comme mon époux n’était pas soutenant, j’ai dû me débrouiller seule en italien pour effectuer les différentes démarches administratives et finalement m’inscrire chez Actiris. Comme je ne parlais que le serbo-croate et l’italien, ils m’ont dirigée vers un institut d’apprentissage des langues étrangères où j’ai eu un cours intensif de français. Trois mois plus tard, j’ai été engagée par une agence de titre- service en tant que repasseuse. Un nouveau départ accompagné de toute la tension et le stress du mode de vie d’une grande ville. Pendant quatre années, j’ai subi les trajets en transports en commun, un travail physique fatiguant, avec parallèlement le cours intensifs de français. A cela, s’ajoutait les tâches ménagères et les courses à faire à pied car mon mari refusait obstinément de m’acheter une petite voiture pour faciliter mes déplacements. Tout cela a provoqué une nouvelle poussée de SEP, puis encore une autre avec laquelle je me suis retrouvée en mi-temps médical. La maladie était entrée dans un stade plus avancé, mais cela ne m’a pas empêché d’acquérir un très bon niveau de connaissance de la langue française.

Me déplaçant alors avec une béquille, j’ai recherché un autre travail physiquement moins éprouvant ; et dans le secteur économique de préférence. Toutes mes tentatives en tant que personne handicapée se sont soldées par un échec.

En 2016, j’ai quitté mon mari. En 2018, je m’inscris chez DiversiCom, une ASBL spécialisée dans l’assistance et la mise en relation de personnes handicapées avec des employeurs potentiels, qui agit avec le soutien du Phare. Avec leur aide, j’ai pu effectuer un stage dans mon secteur de prédiclection : Pfizer et BNP Security Sector.

Malgré l’excellente notation de mes maîtres de stage, je n’étais pas satisfaite de moi-même. En effet, je ne m’estimais plus « psycho-physiquement » capable d’exercer des emplois de qualité dans ma profession.

La maladie avait gagné du terrain et pris le dessus sur ma volonté de retrouver un emploi. Cependant, grâce aux conseils prodigués par l’équipe de DiversiCom, j’ai commencé à envisager l’idée d’un recyclage professionnel dans un domaine d’avantage adapté à mon nouvel état de santé.

En 2019 nous avons quitté Bruxelles avec mon nouveau compagnon pour nous installer dans la région du Brabant-Flamand. Je me suis inscrite au cours de néerlandais pour mieux m’intégrer à ce nouvel environnement. Je n’ai pas réussi en dépit de tous mes efforts. Rester assise pendant quatre heures d’affilée me causait des problèmes d’inconfort physique. A cela s’ajoutait une capacité restreinte de concentration et une mémoire défaillante..

Désireuse de ne pas rester inactive, j’ai commencé à suivre des cours de harpe et de piano, instruments qui me fascinent depuis longtemps. J’ai également du abandonner pour les mêmes que raisons que celles précitées. En mars le COVID-19 a débarqué dans nos vies et tout s’est arrêté. Dans ce contexte particulier, vivre dans une région dont on ne maîtrise pas la langue est difficile. J’ai été ouvertement prise à partie ou carrément ignorée par des professionnels de certains services publics et des commercants de la région. Avec mon époux, nous avons alors décidé de quitter le Brabant-Flamand pour nous installer dans un joli village de la province de Namur.

J’ai alors décidé de me reconstruire dans des domaines qui depuis longtemps, n’étaient que des hobbies pour mon âme et mon intellect émotionnel : psycho-analyse, métaphysique, le monde des astres et sa discipline, l’astrologie, le règne minéral et la lithothérapie, le symbolisme du tarot, la numérologie, l’univers inaccessible aux sens, etc.

Ce sont des matières que j’aime et auxquelles je crois et pour lesquelles j’aurais – selon de nombreuses personnes – un don inné.

J’ai suivi beaucoup de formations dans ces matières vastes et complexes qui ont été couronnées par l’obtention de certificats délivrés par les formateurs.

De plus, je me suis engagée comme d’Ambassadeur de la Ligue belge de la SEP.

En décembre 2022 j’ai répondu à une offre d’emploi, publiée par une pour un poste d’assistante administrative et financière à mi-temps dans une ASBL. Il m’a été répondu que « Malgré mes compétences, ma candidature n’a pas été retenue… » ; une déconvenue de plus dans mes tentatives répétées de reprendre une activité rémunérée dans le monde du travail salarié…

Lassée par toutes les affirmations sans lendemain qui m’ont été faites depuis ma décision de retrouver une vie active et suivant la volonté inébranlable qui m’anime, j’ai donc décidé de prendre le taureau par les cornes et me lancer comme indépendante dans les disciplines énumérées plus haut.

Forte de tous ces enseignements et de mon expérience personnelle, j’ai aussi pour but de venir en aide, d’être à l’écoute, d’apporter la compréhension à ceux qui traversent et qui vivent la peur, l’isolement, l’appréhension de l’imprévisible, la tristesse, que provoquent les différents événements et facteurs auxquels nous confrontent la vie.

Mais aussi et surtout, de faire comprendre à tous ceux et celles qui se retrouvent dans ces états d’esprit, dans ces conditions ou états émotionnels, de prendre conscience qu’ils peuvent à tout moment, s’ils le veulent, surmonter ces conditions, qu’ils peuvent modifier leur état d’esprit, qu’il existe toujours un espoir de s’en sortir et d’aller de l’avant, et ce indépendamment du mal qui nous afflige.